française ». De ce dossier passionnant, nous avons décidé de faire ressortir l’interview d’Arturo
Pérez-Reverte dans son intégralité. Vous la trouverez ci-dessous en cliquant sur le lien :
une même histoire, les combats des deux camps. Il n’y a pas de parti pris, seulement le constat
d’une tragédie humaine qui hante encore bon nombre d’espagnols.
Les choses changent lentement en Espagne ; exhumation de Franco du mausolée del Valle
de los Caidos, le président socialiste du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, se recueillant
sur la tombe du président de la République Espagnole, mort en exil en 1940, l’ouverture des
fosses communes où gisent encore plus de 100 000 victimes du franquisme.
Il faudra encore du temps pour que tous les Espagnols admettent qu’il y avait un camp
légitime, celui de la République et de l’autre, un camp illégitime, celui des insurgés nommés à
tort les nationalistes. Il est temps de laisser la place à la mémoire des victimes et de leur rendre
justice.
Le prix de la soirée est de 15 € (Apéritif+Repas +concert). Vous pouvez réserver par mail ou téléphone (06.81.58.84.10).
Un reportage d’Antoine Chao, avec les témoignages de Antonio Cascarosa et Claude Garcia
https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court/comme-un-bruit-qui-court-30-mars-2019
Il y a quatre-vingts ans, l’armée républicaine espagnole est vaincue par les troupes du général Franco et du fascisme européen coalisé. A partir de février 1939, c’est la Retirada, 500 000 républicains traversent les Pyrénées, beaucoup sont internés dans des camps de concentration du Sud de la France, comme ceux d’Argelès-sur-Mer, Rivesaltes ou Barcarès… proches de la frontière, dans les Pyrénées-Oriental. Le 1er mars 1939, le préfet du département déclare que 260.000 hommes, mais aussi des femmes et des enfants, y sont internés.
D’une capacité prévue de 14 000 personnes, le camp d’Argelès atteint un total de 87 000 réfugiés en mars 1939 et ce sont 110.000 réfugiés qui vont s’y entasser entre le début du mois de février et la fin du mois de juin 1939.
C’est ainsi que le gouvernement Daladier de l’époque entendait accueillir les « Rouges Espagnols », « los rojos » et avec le régime de Vichy ce sera bien pire. Nombreux sont ceux qui seront déportés à Mauthausen, les triangle bleus marqués de la lettre S pour « Rotspanier » et n’en reviendront pas.
Le 9 février dernier, en 2019, une commémoration s’est tenue au cimetière du Père Lachaise dans le XXème arrondissement de Paris, devant le monument de la FEDIP (Fédération Espagnole des Déportés et Internés Politiques) en mémoire de tous les espagnols morts pour la liberté. Entre 1939 et 1945 : 10 000 morts en déportation et 25 000 tombés aux côtés des troupes alliées, dans les maquis ou fusillés.
Troc de bébés et ventre des femmes : le Parti populaire espagnol dans les pas de Franco
Le marché que la droite espagnole entend proposer aux migrantes arrêtées alors qu’elles sont en situation irrégulière a quelque chose de surréaliste: leur bébé contre une clémence provisoire de la police. L’idée s’enracine dans une pure tradition franquiste : celle des bébés volés, longtemps taboue.
En Espagne, le parti conservateur, Parti populaire, pousse un projet de loi visant à retarder l’expulsion de migrantes enceintes en échange de leurs bébés. Concrètement, les femmes seraient toujours expulsables après leur accouchement, mais elles obtiendraient ainsi la garantie de pouvoir accoucher sur le sol européen, et d’y rester jusqu’à la naissance. Sitôt l’enfant né et cédé à l’adoption, elles redeviendraient en revanche expulsables.
Officiellement, le Parti populaire assure avoir ainsi trouvé la parade contre l’importante chute de la natalité en Espagne. Sous la rafale de critiques, le parti a relativisé son initiative, assurant qu’il s’agissait avant tout de garantir aux femmes un accouchement et une adoption confidentiels y compris quand elles sont en situation illégale (“Lorsque ces femmes décident de confier l’enfant pour adoption, la procédure de dénonciation de cette personne en situation irrégulière n’est pas engagée”, assure le Parti populaire depuis). Pas vraiment de quoi dissiper les critiques toutefois, car en sous-texte, on retrouve dans l’initiative du PP un substrat bien précis, dont les racines puisent distinctement dans l’histoire de la droite espagnole, et plus précisément celle du franquisme. Cette histoire espagnole du rapport au corps des femmes, et à leurs enfants est à la fois connue et refoulée.
L’Espagne et les « bébés volés »
C’est en 1982 que l’Espagne découvrait l’histoire de ses “bébés volés”. C’est la facette la plus connue de la politique du genre qu’avait mise sur pied la dictature franquiste. Quand Franco prend le pouvoir en 1939, trois années de guerre civile viennent de s’écouler, qui ont étrillé le pays, l’ont coupé en deux camps au-delà des frontières politiques : ces barbelés qui lacèrent l’Espagne sont non seulement idéologiques, politiques ; ils mettent en jeu les partisans d’une jeune République née en 1931 sur les cendres de la monarchie, contre ceux d’un régime liberticide ; mais ces barbelés sont aussi de nature éthique. Car Franco a un projet pour les femmes : “Veiller sur toutes les femmes qui ont fait un faux pas et souhaitent retrouver leur dignité”.
Concrètement, ça passe par un détricotage de bien des acquis nés de l’avènement de la République espagnole : droit des femmes à travailler dans la fonction publique, légalisation du mariage civil et du divorce, droit à l’avortement… Ça passe aussi par une mainmise sur leurs enfants à peine nés, et confisqués à leurs parents, par mesure de rétorsion, et dans un but mêlant purification du corps social et punition des populations subversives.
• Crédits : Visuel de Saenz de Tejada, via Universal History Archive – Getty
En 1982 fut ainsi révélé publiquement qu’à partir de 1940, des milliers de nouveaux-nés ont été soustraits à leurs parents juste après l’accouchement. Sur les lieux-mêmes de l’accouchement. Bien souvent, ils étaient déclarés morts par le personnel médical, sans que les parents ne puissent dire adieu à leur enfant, et même le voir. Bien souvent aussi, le rapt se faisait avec la complicité de l’Eglise catholique, centrale dans les maternités. Ce rôle de l’Eglise est apparu au grand jour au moment-même où le voile a commencé à être levé sur l’ampleur du scandale de ces « bébés volés », « enfants perdus de l’Espagne », comme le montrait le 4 janvier 2013 l’enquête importante réalisée par Marine de la Moissonnière pour Radio France.
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Reportage « Serrat en Collioure sobre Machado »